10 000 manifestants pour l’emploi à Charleroi

29/04/2013 - 16h

Près de 10 000 personnes venues de tout le pays se sont retrouvées dans les rues de Charleroi le 29 avril 2013 pour demander une véritable politique industrielle et des emplois. Étienne Habay, secrétaire de la zone Charleroi, a pris la parole à la tribune pour rappeler les drames qui frappent la région et proposer des solutions.

« Depuis le début de cette année, c’est plus de 3 000 emplois qui ont été perdus dans les entreprises de notre région. Caterpillar, Alsthom, les Laminoirs du Ruau, le Centre Electronique, etc. Autant d’enseignes illustres de notre région… De nombreux petits commerçants du centre-ville ont également dû fermer leurs portes. 

 Ce n’est pas la première fois que nous sommes confrontés à une crise économique sévère. Nous avons dû et su gérer par le passé la reconversion industrielle de notre cité suite à la fermeture des mines et au déclin de la sidérurgie. À l’époque déjà,  le savoir-faire de nos travailleurs n’était pas en cause. L’appât du gain des grands investisseurs était, comme aujourd’hui, au centre du débat. Cette marche doit être vue comme un réveil citoyen face aux restructurations d’entreprise qui minent le paysage socio-économique de notre région.

Nous avons voulu donner une image d’une région qui se bat pour défendre ses industries et son emploi. Ce but est largement atteint grâce à votre concours. Merci chers amis !

Austérité

L’austérité ne peut devenir le nouveau modèle économique. L’austérité entraîne une stagnation de la croissance, la diminution des moyens de production, et donc la diminution du pouvoir d’achat des travailleurs. En fait, l’austérité entraîne in fine une diminution de la consommation. C’est l’effet boule de neige qui conduit au désastre social.

L’austérité tue notre emploi

Quelles alternatives ?

Des alternatives existent ! Elles consistent en une réelle politique de relance industrielle, basée sur la formation continuée et visant à promouvoir la croissance économique, à doper les moyens de production, et à relancer la consommation.

Local

Le travail est amorcé par le comité de développement stratégique, lui-même issu au départ d’une volonté des organisations syndicales de redonner à la région ses titres de noblesse sur le plan économique.

Les centres de compétences, le campus technologique, la cité des métiers sont tant de projets qui garantiront un avenir et un redéploiement de notre région.

Régional

Au lieu de renforcer sa chasse aux chômeurs, la Région Wallonne doit mettre tout en œuvre pour dynamiser leur accompagnement à la recherche d’un emploi.

De l’emploi durable. Pas des pseudostatuts temporaires qui entraînent la précarité et freinent l’envie d’entreprendre, notamment chez les jeunes.
Des efforts en terme de formations valorisantes dans des métiers en devenir sont nécessaires pour répondre aux sollicitations des employeurs. 

National

L’État fédéral doit avoir une véritable politique de relance économique ; un politique fiscale plus équitable, axée sur la réelle possibilité de participation de tout un chacun à l’impôt afin de garantir le financement de notre sécurité sociale nationale. 

Si vous les écoutez, le gouvernement prend toutes les mesures pour garantir le pouvoir d’achat des travailleurs.

Chers amis, la première de ces mesures consiste en une manipulation grossière et scandaleuse de notre système d’indexation. Retirer certains produits du panier de la ménagère et en introduire d’autres afin de limiter les variations. Telle est la technique ! Cela ne mettra pas fin à l’inflation des prix ! Cela mettra fin à l’inflation de votre portefeuille !

Et à terme, le Gouvernement veut en finir avec notre système d’indexation automatique ! Mais cela, ce sera sans doute l’année prochaine… après les élections…

Le Gouvernement va prendre arrêté royal pour fixer à ZÉRO la marge de négociation salariale pour ses deux prochaines années.   
Cela aussi contribuera à diminuer encore le pouvoir d’achat des travailleurs.
Non Messieurs les Patrons!
Non, Messieurs Dames les Ministres !

Le Syndicat libéral n’est pas disposé à renoncer à son droit à négocier des avantages nouveaux pour les travailleurs.  
Nos délégués connaissent leurs secteurs d’activité et leurs entreprises. Ils ont toujours négocié de manière responsable.

Que les choses soient bien claires : personne ne nous enlèvera ce droit légitime à la négociation !

Européen

L’Europe doit prendre des mesures pour se protéger d’elle-même. L’Europe, c’est un peu Caterpillar. C’est un grand groupe, créé au départ pour faire face à ses concurrents externes. Une bonne idée en soi.

Mais, dans les faits, l’Europe met ses propres pays en compétition les uns contre les autres. Opposition nord-sud, opposition est-ouest, les plus « riches » contre les plus « pauvres », les forts contre les plus faibles. C’est le loup et l’agneau… Et ce sont les travailleurs qui trinquent.

L’Europe doit consolider son union politique et économique, en renforçant la défense de ses citoyens, et non en les appauvrissant.

Elle doit lutter contre toutes les formes de corruption qui gangrènent son économie, toutes les formes de protectionnisme nationaliste.

Elle doit enfin renforcer ses mesures de contrôle des produits importés afin de veiller à une saine concurrence. Nos entreprises doivent respecter des normes strictes en matière de qualité de production, alors que leurs principaux concurrents américains chinois ou asiatiques ne sont pas soumis à de telles mesures.

Dossier Ouvriers-Employés

Un autre dossier s’invite à cette marche pour l’emploi. Et il n’est pas sans intérêt. Le possible rapprochement des statuts incite quelques employeurs à anticiper les mesures de restructuration au sein de leur entreprise. En effet, après le mois de juillet, le coût de l’éviction des ouvriers risque d’être sensiblement augmenté.

Depuis plus de 20 ans, la question est au cœur des discussions entre partenaires sociaux. Nous voulons voir enfin la fin de ces différences et de ces discriminations.

La Cour constitutionnelle exige que les questions relatives aux délais de préavis et au jour de carence soient  réglées pour le 8 juillet prochain. La CGSLB a mené, sur cette question, une réflexion très approfondie et a formulé quelques propositions concrètes. 

En deçà de cinq ans d’ancienneté, 3 mois de préavis ;
de cinq à sept ans : 6 mois ;
huit ans et plus : un mois par année d’ancienneté.

Nous exigeons la motivation du licenciement ainsi que l’audition du travailleur préalablement à son éventuel licenciement. À notre époque et dans le monde au sein duquel nous vivons, il n’est plus concevable qu’un employeur puisse se séparer d’un travailleur sans avoir un motif équitable pour le faire.

Quant au jour de carence, il doit être purement et simplement supprimé, et le paiement du salaire garanti doit être réparti entre les employeurs et la sécurité sociale pour ne pas entraîner de coût supplémentaire pour la collectivité.
Notre système de concertation sociale doit également s’adapter à l’évolution de notre société et devra évoluer vers une structure de concertation sectorielle, composée exclusivement de commissions paritaires « mixtes ». 
Une telle réorganisation de la structure de concertation sectorielle serait la conséquence du rapprochement entre les statuts ouvriers et employés, mais peut aussi  surtout constituer un catalyseur pour l’harmonisation à terme des statuts des travailleurs.

Madame, Monsieur, Chers amis, je voudrais tous vous remercier encore d’avoir été aussi nombreux aujourd’hui à défendre l’emploi et notre région. Merci en particulier également à la Ville de Charleroi, et à l’association des commerçants et artisans qui nous ont rejoints dans cette action.

Pays de Charleroi,  c’est toi que je préfère !

Étienne HABAY

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